Psychologie et Biais cognitifs

Théorie de psychologie générale, biais cognitifs, inférences biaisées

Théorie de psychologie

L’Architecture cognitive

L’Architecture de la pensée se construit selon quatre principes fondamentaux :

  • l’objet ;
  • le nombre ;
  • la catégorisation ;
  • le raisonnement.

L’Objet

C’est l’unité de base de toutes les constructions cognitives. L’Esprit humain découpe le monde physique, social et virtuel en objets, qu’il peut ensuite traiter quantitativement et qualitativement.

La Perception

L’objet dépend avant tout de la perception, qui fait appel à deux traitements de l’information :

  • ascendant, dirigé par les données (à travers un dispositif sensoriel) ;
  • descendant, dirigé par les concepts (à travers son cerveau et ses idées, et ses émotions).

Ces traitements de l’information dépendent de la dynamique donnée au but de la perception, lequel peut être :

  • exogène, stimulé par l’extérieur ;
  • endogène, stimulé par une motivation personnelle.

On compte ainsi trois niveaux de traitement dans un processus de perception :

  • le niveau sensoriel, qui concerne la réception de signaux physiques captés dans l’environnement ;
  • le niveau perceptif, au cours dequel le cerveau fait une catégorisation des signaux perçus afin de structurer l’information ;
  • le niveau cognitif, qui consiste au traitement de l’information.

Dans ce schéma sensoriel, perceptif et cognitif, l’identification d’un objet produit souvent des représentations multimodales, si la perception traite des signaux de nature différente.

Certains objets sonts dits ineffables, c’est-à-dire irréductiblement qualitatifs. C’est parfois le cas d’objets dont l’origine perceptive est de nature artistique. Ils peuvent être nommés Qualia.

Le Nombre

La Catégorisation

Le Raisonnement

Le raisonnement représente des traitements qualitatifs et/ou quantitatifs d’objets ou d’hypothèses et de déductions. L’exemple le plus courant de raisonnement est la pensée hypothético-déductive, le « si… alors ».

La Stratégie Cognitive

Une stratégie cognitive est une combinaison d’opérations et de représentations mentales assignées à un but particulier. Une stratégie peut être inadaptée au point de devoir être inhibée.

Ergonomie cognitive

Mémoire à court terme

Selon Georges Miller : 7 cases+- 2 éléments

Loi de Fitts

« Le temps nécessaire pour atteindre une cible est fonction de la taille et de la distance de la cible »
T = a + b log2 (D/W+1)
où T=Time, W=Width, D=Distance, a et b des constantes empiriques.

Neurones miroirs

Reconnaissance schématique

« People are amazing pattern matching machines »

Raph Koster, A theory of fun for gamedesign

La couleur et le contexte

Edward H. Adelson

Composants visuels

Les composants visuels sont hiérarchisés par type : vivant, non-vivant…

Gestalt

« Percevoir, c’est reconnaître une forme »

La Gestalt. L’apport de la psychologie de la forme. VI – Les étapes de la perception / Laurent Mucchielli / Sciences humaines, 1995

Biais Cognitifs

La psychologie sociale a pour habitude d’opposer la logique formelle à la logique naturelle, laquelle est déterminée par le contexte social dans lequel le sujet évolue. On oppose alors le sujet optimal au sujet social (Rouquette, 1994).

Les principaux biais

Les biais sont considérés comme l’ensemble des distorsions, des aberrations et autres erreurs de jugement lors d’un réflexion. Les biais donnent généralement une tendance à négliger, ou au contraire à surévaluer l’importance de certaines informations pour tirer des conclusions. On aura souvent affaire aux biais suivants :

  1. Les corrélations illusoires sont la tendance à percevoir des liens entre deux catégories d’objets/événements qui, en réalité, n’en ont pas. Hamilton et Gifford (1976) ont ainsi montrés que l’on suppose un lien entre des comportements sociaux indésirables et un groupe social minoritaire, sans tenir compte des faits.
  2. Le biais attributionnel consiste à rechercher régulièrement des explications aux événements qui surviennent dans son environnement, donc à remonter la supposée chaîne causale d’effets observés. Heider (1944, 1958) a montré une tendance nette à attribuer les causes des événements aux personnes plutôt qu’à l’environnement physique. De fait, le sujet peut considérer qu’un effet est dû au hasard des circonstances (attribution externe/situationnelle), ou au comportement de la personne même qui en est à l’origine (attribution interne/dispositionnelle), mais dans la plupart des cas, les sujets éprouvent une grande difficulté à appréhender les contraintes de la situation pour expliquer les conduites d’autrui.
  3. Le biais de complaisance montre une tendance très générale à s’auto-attribuer les causes de ses réussites et à attribuer aux circonstances, ou aux autres, les causes de ses échecs. Le sujet cherche alors à protéger sa propre image.
  4. Le favoritisme intragroupe, dans le même esprit, montre une tendance des individus à favoriser les groupes dont ils font partie (endogroupes) par rapport aux groupes dont ils ne sont pas membres (exogroupes) (Tajfel, 1972).
  5. L’effet brebis galeuse concerne le jugement des membres intragroupe, qui sont évalués de manière plus positive que les membres d’autres groupes pour les même conduites valorisées. Cependant, les membres intragroupes au comportement mauvais sont évalués de manière plus négative s’ils sont internes que s’ils sont externes au groupes (Marques, Izerbyt et Leyens, 1988).
  6. Le biais de confirmation des hypothèses montre la tendance d’un sujet, lorsque celui-ci a émis une hypothèse sur la cause d’un événement, à rechercher et séléctionner des informations venants confirmer cette hypothèse, le plus souvent en négligeant les autres informations disponibles, y compris lorsque des informations évidentes devraient s’imposer (Snyder, 1981).

Les inférences biaisées

Le contexte social détermine les enjeux individuels, parfois de façon décisive. Rouquette (1994) montre que le sujet peut modifier son modèle de raisonnement en fonction de son degré d’implication dans la situation qui, selon lui, dépend de deux facteurs :

  1. la valorisation de l’objet, qui peut aller de « c’est une question sans importance » (valorisation minimum) à « c’est une question de vie ou de mort » (valorisation maximum);
  2. l’identification du sujet, qui va de « cela concerne l’éspèce » (identification diffuse) à « cela ne concerne que moi » (identification stricte).

L’activité cognitive du sujet étant sous la dépendance étroite du niveau d’implication de ce dernier, un degré élevé d’implication centre le sujet sur l’individualité et la singularité ; le sujet qui risque sa vie et fait l’objet d’une identification personnelle sera à son niveau maximum d’implication. Or, le raisonnement scientifique a pour pratique de ne pas s’intéresser au cas particulier mais plutôt de relever des lois générales et systémiques. C’est pourquoi le sujet impliqué favorisera des raisonnements certes moins logiques, mais plus pratiques et plus adaptés à sa propre singularité.

Dubois et Beauvois (1994) montrent que le sujet fait usage de stratégies cognitives biaisées parce qu’il est sous le regard d’autrui. Cetains modes de raisonnements sont dits « normatifs » dans le sens où ils sont admis par le corps social du sujet. C’est le cas de la norme sociale d’internalité, qui veut que l’attribution interne de cause à effet soit mieux valorisées que les autres. Morris et Peng (1994) observent que la norme sociale d’internalité est particulièrement récurrente dans la culture occidentale. Elle aurait une fonction sociale importante : permettre de ne pas rapporter les faits de manière objective.

Les raisonnements biaisés prennent sens par rapport au regard d’autrui. Ils ne sont pas à proprement parlé erronés, mais plutôt différents. Leur particularité est d’être validés non par un corps scientifique mais par un corps social.